Il s’appelait Jean-Roger Caussimon
Pourquoi diable évoquer ici, aujourd’hui, Jean-Roger Caussimon, disparu à 67 ans, il y a près d’un quart de siècle ? Parce que l’occasion fait le larron. L’occasion, c’était hier soir à la télé, sur Arte, la rediffusion d’un grand film de Bertrand Tavernier, Le juge et l’assassin, avec Michel Galabru et Philippe Noiret dans les rôles principaux. Dans cette œuvre de 1976, dont il co-signe la bande originale avec Philipe Sarde, Caussimon incarne un chanteur des rues. Moment d’émotion pour qui a connu et vu en scène cet élégant Monsieur aux multiples talents. Comédien, il apparut dans de nombreux films cinéma et TV (près de 90 !) et joua au théâtre dans des créations de référence. Auteur-compositeur-interprète, il enregistra plusieurs 33 tours, dont l’un, Jean-Roger Caussimon chante Jean-Roger Caussimon, décrocha en 1970 (une époque où cette récompense avait encore un sens) le Grand Prix du Disque de l’Académie Charles Cros. On y trouvait notamment, excusez du peu : Monsieur William, Le temps du tango, Comme à Ostende, Les cœurs purs.
Pour qui aime vraiment la chanson française, des titres de légende dont la musique (à l’exception de celle des Cœurs purs) était signée Léo Ferré. Léo, l’ami au long cours, qui en reprit lui-même un certain nombre. Généralement, ce sont ses (formidables) versions à lui que les gens ont dans l’oreille. Ecoutez donc celles de Caussimon, dont l’intégrale 70-80 a été rééditée en trois double CD. Si vous aviez oublié, vous retrouverez intacte leur poids d’humaine tendresse. Si vous ne connaissiez pas, tentez l’aventure. Sauf surprise, vous devriez finir par craquer. Pour la qualité exceptionnelle des textes, pour l’intelligence des mélodies, pour la voix toute de mélancolique douceur. Pour une certaine idée de la chanson qu’on apprivoise et qui ne vous quitte plus.