Les séquelles de Thiéfaine
En 1998, pour ses vingt ans de carrière, Thiéfaine s’était offert un Bercy archi-comble. En 2008, ses fans l’attendaient au virage des trente ans. Avec quelques mois de retard, le cadeau vient d’arriver sous la forme d’un coffret de trois albums. Vingt huit titres incontournables compilés sur les deux premiers. Huit versions live de morceaux tout aussi emblématiques sur le troisième, dont une époustouflante version (14 minutes !) de L’agence des amants de Madame Müller (Transbordeur de Lille, 1991), un hommage au maître Léo Ferré avec une belle reprise de La Solitude (Zénith de Paris, 1995) et, bien sûr, revisitée pour la énième fois, l’immortelle Fille du coupeur de joints (Olympia, 1983) dont voici, ci-dessous, le portrait 2006, tiré au Zénith de Paris en compagnie de Tryo et Didier Wampas.
En bouquet final, il y a Annihilation, un inédit guitare acoustique/voix de 8’44, non daté, dont on se demande pourquoi il n’était jamais sorti des archives.
Dans la boîte, il y a deux autres surprises : les bonnes feuilles d’une “anti-biographie détonante” de HFT, Entre 3 grammes et 5 heures du matin, dégoupillée sous forme de polar déjanté par Jean-Charles Chapuzet, à paraître en mai aux Presses du Belvédère ; un livret rassemblant 27 réactions d’accrocs thiéfainiens, dont celle du célèbre Doc, bombardé “Conseiller maritime” de HFT par l’amiral lui-même, un soir de 2003, en région brestoise. De quoi se faire plaisir, en somme, quand on aime l’imprécateur jurassien ou qu’on cherche à pénétrer son univers.
Pas de doute, ce Best-hier, comme l’a baptisé Hubert lui-même, témoigne, s’il en était encore besoin, d’une œuvre forte, foisonnante et singulière, qui n’a aucun équivalent dans la chanson française. Dans un premier temps, on s’amuse du titre, Séquelles. On se dit que c’est du Thiéfaine pur jus et on apprend – quand on l’ignorait, ce qui est mon cas – que c’est plus subtil que ça ; que le Dijonnais se remet tout doucement d’un “burn out” qui l’a littéralement fait exploser en vol l’an dernier et que les séquelles évoquées plus haut sont tout autant physiques que musicales. On comprend alors pourquoi les deux dernières dates de la mini-tournée HFT/Paul Personne avaient été annulées, à l’automne dernier. Trop de fatigue, trop de trop, trop de tout, plus d’énergie : Hubert s’était alors retrouvé hospitalisé pendant trois mois. Depuis, il se retape et tente de faire son deuil d’une vie en montagnes russes, balançant entre excès et ligne claire.
Le coffret qui sort ressemble donc fort au bilan d’une vie d’avant, à un portail monumental qui se referme doucement, avant rebondissement bien sûr. En grattant un peu, le subliminal devient alors évidence. Le titre Séquelles et l’étiquette Best-hier prennent soudain une connotation bien différente. Il y a aussi les insectes grouillant sur la pochette qui renvoient à ceux qui habitent les délires éthyliques au petit matin blanc. Ajoutez-y les « 30 ans de carrière (et des poussières) » évoqués sur le bandeau barrant le coffret. Ça rappelle sûrement quelque chose à ceux qui connaissent Chambre 2023 (et des poussières), titre figurant sur Alambic/Sortie sud, un album de 1984. La poussière à balayer, la chambre où Hubert s’est refait une santé il y quelques mois ; une page qu’on tourne, en quelque sorte. Reste à souhaiter le meilleur au clochard céleste : un projet qui fasse rapidement suite à son magnifique Scandale mélancolique de 2005, une façon de “chevaucher à nouveau dans la nuit ses dragons écarlates” sans forcément passer à travers le miroir.
En bouquet final, il y a Annihilation, un inédit guitare acoustique/voix de 8’44, non daté, dont on se demande pourquoi il n’était jamais sorti des archives.
Dans la boîte, il y a deux autres surprises : les bonnes feuilles d’une “anti-biographie détonante” de HFT, Entre 3 grammes et 5 heures du matin, dégoupillée sous forme de polar déjanté par Jean-Charles Chapuzet, à paraître en mai aux Presses du Belvédère ; un livret rassemblant 27 réactions d’accrocs thiéfainiens, dont celle du célèbre Doc, bombardé “Conseiller maritime” de HFT par l’amiral lui-même, un soir de 2003, en région brestoise. De quoi se faire plaisir, en somme, quand on aime l’imprécateur jurassien ou qu’on cherche à pénétrer son univers.
Pas de doute, ce Best-hier, comme l’a baptisé Hubert lui-même, témoigne, s’il en était encore besoin, d’une œuvre forte, foisonnante et singulière, qui n’a aucun équivalent dans la chanson française. Dans un premier temps, on s’amuse du titre, Séquelles. On se dit que c’est du Thiéfaine pur jus et on apprend – quand on l’ignorait, ce qui est mon cas – que c’est plus subtil que ça ; que le Dijonnais se remet tout doucement d’un “burn out” qui l’a littéralement fait exploser en vol l’an dernier et que les séquelles évoquées plus haut sont tout autant physiques que musicales. On comprend alors pourquoi les deux dernières dates de la mini-tournée HFT/Paul Personne avaient été annulées, à l’automne dernier. Trop de fatigue, trop de trop, trop de tout, plus d’énergie : Hubert s’était alors retrouvé hospitalisé pendant trois mois. Depuis, il se retape et tente de faire son deuil d’une vie en montagnes russes, balançant entre excès et ligne claire.
Le coffret qui sort ressemble donc fort au bilan d’une vie d’avant, à un portail monumental qui se referme doucement, avant rebondissement bien sûr. En grattant un peu, le subliminal devient alors évidence. Le titre Séquelles et l’étiquette Best-hier prennent soudain une connotation bien différente. Il y a aussi les insectes grouillant sur la pochette qui renvoient à ceux qui habitent les délires éthyliques au petit matin blanc. Ajoutez-y les « 30 ans de carrière (et des poussières) » évoqués sur le bandeau barrant le coffret. Ça rappelle sûrement quelque chose à ceux qui connaissent Chambre 2023 (et des poussières), titre figurant sur Alambic/Sortie sud, un album de 1984. La poussière à balayer, la chambre où Hubert s’est refait une santé il y quelques mois ; une page qu’on tourne, en quelque sorte. Reste à souhaiter le meilleur au clochard céleste : un projet qui fasse rapidement suite à son magnifique Scandale mélancolique de 2005, une façon de “chevaucher à nouveau dans la nuit ses dragons écarlates” sans forcément passer à travers le miroir.