Léo à l’affiche du bac
Vous le saviez, vous, que la chanson française est au programme du bac 2009 ? Pas comme matière obligatoire quand même, ce serait trop beau, mais en « musique, option facultative toutes séries », comme c’est écrit dans le bulletin officiel n° 19 du 8 mai 2008, repêché sur le site du ministère de l’Education Nationale. Des polyphonies de la Renaissance, et même… Jimi Hendrix, avaient eu droit à cet honneur il y a quelques années, mais pour la chanson d’ici et de maintenant, usinée en France, c’est la première fois. Et le choix des artistes retenus est, ma foi, épatant ; même si, pour la génération qui planche dessus depuis quelques mois, certains noms doivent être aussi inconnus que Christophe Maé chez les Indiens d’Amazonie.
A tout seigneur tout honneur, c’est Léo Ferré qui figure au sommet de la pile avec trois titres de haut vol : Avec le temps, Requiem et Green, un poème de Verlaine.
De quoi entr’ouvrir, avec un peu de chance, quelques brèches dans l’imaginaire des accros de Skyrock et NRJ. Pour illustrer le bourdon, « une technique entre tradition et modernité », les “programmateurs” ont retenu deux morceaux : La pluie tombe sur nous, un traditionnel interprété par Evelyne Girardon (les fans du groupe folk La Bamboche, dont elle fit partie à la fin des années 70, apprécieront) et Quand je marche, de notre très contemporaine et très turbulente Camille.
Enfin, pour travailler le timbre, « un procédé au service de la transmission orale », les lycéens sont invités à se pencher sur deux textes revisités, dans l’ordre, par Marc Ogeret et Germaine Montéro : La liberté des nègres, du citoyen Piis, alias le chevalier Pierre-Augustin de Piis, et Les cinq étages de Pierre-Jean de Béranger. Le premier, qui date de 1794, a gardé une force intacte Le second évoque la mansarde où travailla l’auteur, chansonnier et poète fécond de la première moitié du XVIIIe siècle, dont l’œuvre continue à vivre. Par exemple, Jean-Louis Murat a repris certaines de ses chansons dans deux de ses albums, 1829 et Mockba.
Bon, c’est vrai que les élèves ne se précipitent pas en rangs serrés sur l'option, mais compte tenu du fourmillement des propositions existant, leur nombre est suffisamment significatif pour qu’une prof rennaise de musique, qui les fait plancher depuis la rentrée, puisse affirmer qu’il y a « une véritable demande ». Plutôt agréable à entendre, en ces temps de doute existentiel ou tout est dans tout, rien dans rien, et inversement.